mardi 12 mai 2009

shadows of our forgotten ancestors (1964)



"Toutes les choses vivantes sont liées les unes aux autres, ce lien est sacré et rien, ou presque rien, n'est étranger à quoi que se soit [..]Représente-toi le monde comme un être unique et une âme unique. Considère comment tout contribue à la cause de tout, et de quelle manière les choses sont tissés et enroulées ensemble".
Marc Aurèle.



Les chevaux de feu raconte l'amour de deux jeunes gens separés par la haine que se vouent leurs familles et que seule la mort reunira. Mais loin d'un histoire mièvre, le film s'éloigne des sentiers de la narration au profit d'une esthétique intemporelle. L'enchainement des évênement intéresse moins que le temps figé dans une réconciliation entre ethnologie et poésie. L'histoire se déroule dans un village houtsoule dans les carpathes ukrainiennes, et évoque véritablement le rêve d'une société sans âge et sans époque, profondément marquée par les rites et la tradition, tandis que l'homme est pensé comme partie intégrante de l'univers. Rêve de réenracinement dans un cosmos où le sacré est partout, dans un rapport magnifié à la nature qui fait sens. Formellement on assiste à un cinema figuratif où chaque plan est conçu comme un tableau, Serguei Paradjanov avoue avoir puisé dans des palettes aux influences baroques et avoir demandé des conseils à un vieux peintre carpathe, Feder Manaïlo : « J’avais toujours été attiré par la peinture et je me suis habitué à considérer chaque cadre cinématographique comme un tableau indépendant » déclare-il dans un entretien. L'esthétique particulière de ce film doit également beaucoup à son chef opérateur qui raconte comment il a réalisé la scène où le père de Maritchka assassine d’un coup de bartka (hache) son rival, le père d’Ivan. De ce coup violent surgit à l’écran une longue coulée de sang. En surimpression arrivent les chevaux de feu. L’incroyable Youri Illienko, chef opérateur du film s’en explique ainsi : « Ce plan viré d’un rouge sombre des chevaux sautant un fossé, c’est bien moi qui l’ai imaginé. Paradjanov trouvait cette idée stupide… Il faisait froid, j’ai acheté quatre bouteilles de Vodka, saoulé un jockey, creusé une tranchée et je me suis déplacé avec ma caméra. Les chevaux ne voulaient pas sauter ! Finalement, tard dans la journée, ils se sont décidés… J’ai pris ensuite une poire à lavement pleine de peinture rouge et je l’ai vidée sur l’objectif. »









1 commentaire:

  1. Moi j'ai vu Sayat Nova que j'avais trouvé cool... Donc je vais regarder celui-ci ;)

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