lundi 31 août 2009

PRO! VO! KA! TION!


Klaus Staeck, né le 28 février 1938 dans la petite ville de Pulsnitz en Allemagne, est designer et caricaturiste.
Il occupe depuis 2006 le poste de directeur de l'Akademie der Kunst de Berlin.
Il est principalement connu pour le travail qu'il entame à partir des années 60 et qui s'inscrit dans la grande tradition du collage à caractère politique qui va de Rodtchenko à John Heartfield en passant par Raoul Haussman. Il utilise un vocabulaire d'une ironie mordante, s'inscrivant en cela dans l'esprit cher à ses prédécesseurs dadaistes ou surréalistes, afin dénoncer les travers d'une société moderne à la dérive. Règne de l'argent roi, chauvinisme, démagogie et perspective d'une catastrophe écologique imminente représentent autant de menaces que les posters de Staeck mettent en scène avec une acuité sans cesse accrue.













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vendredi 21 août 2009

La montagne sacrée


La montagne sacrée est un film culte du cinéma ésotérique réalisé en 1973 par le célèbre réalisateur sud-américain Alejandro Jodorowsky.
Le scénario, qui s'articule principalement autour de l'initiation au secret de l'immortalité d'un personnage à l'allure christique par un étrange gourou, sert de support à une audacieuse entreprise d'expérimentation visuelle et sonore plongeant le spectateur dans un univers cryptique peuplé d'êtres inquiétants.
Cette initiation se compose d'une série de rituels occultes auxquels participent les sept personnages les plus puissants(et accessoirement les plus mauvais) du monde et trouve son point d'orgue dans l'ascension de la "montagne sacrée", au sommet de laquelle résident les grands sages qui eux seuls détiennent l'ultime réponse au mystère de la vie éternelle.
D'une qualité parfois inégale, ceci étant principalement dû à la relative ancienneté du film (certaines séquences faisant preuve d'une naïveté toute désuète), celui-ci n'en descelle pas moins quelques scènes de haute volée, parfois dérangeantes, d'un esthétisme naviguant entre surréalisme et psychédélisme et demeure de ce fait un des chefs d'œuvre du cinéma expérimental des années 70.






mardi 18 août 2009

la nouvelle morale du Capital



"Il n’y a pas de «catastrophe environnementale». Il y a cette catastrophe qu’est l’environnement. L’environnement, c’est ce qu’il reste à l’homme quand il a tout perdu. Ceux qui habitent un quartier, une rue, un vallon, une guerre, un atelier, n’ont pas d’« environnement », ils évoluent dans un monde peuplé de présences, de dangers, d’amis, d’ennemis, de points de vie et de points de mort, de toutes sortes d’êtres. Ce monde a sa consistance, qui varie avec l’intensité et la qualité des liens qui nous attachent à tous ces êtres, à tous ces lieux. Il n’y a que nous, enfants de la dépossession finale, exilés de la dernière heure – qui viennent au monde dans des cubes de béton, cueillent des fruits dans les supermarchés et guettent l’écho du monde à la télé– pour avoir un environnement. Il n’y a que nous pour assister à notre propre anéantissement comme s’il s’agissait d’un simple changement d’atmosphère. Pour s’indigner des dernières avancées du désastre, et en dresser patiemment l’encyclopédie. Ce qui s’est figé en un environnement, c’est un rapport au monde fondé sur la gestion, c’est-à-dire sur l’étrangeté. Un rapport au monde tel que nous ne sommes pas faits aussi bien du bruissement des arbres, des odeurs de friture de l’immeuble, du ruissellement de l’eau, du brouhaha des cours d’école ou de la moiteur des soirs d’été, un rapport au monde tel qu’il y a moi et mon environnement, qui m’entoure sans jamais me constituer. Nous sommes devenus voisins dans une réunion de copropriété planétaire. On n’imagine guère plus complet enfer. La situation est la suivante: on a employé nos pères à détruire ce monde, on voudrait maintenant nous faire travailler à sa reconstruction et que celle-ci soit, pour comble, rentable. L’excitation morbide qui anime désormais journalistes et publicitaires à chaque nouvelle preuve du réchauffement climatique dévoile le sourire d’acier du nouveau capitalisme vert, celui qui s’annonçait depuis les années 1970, que l’on attendait au tournant et qui ne venait pas. Eh bien, le voilà ! L’écologie, c’est lui ! Les solutions alternatives, c’est encore lui ! Le salut de la planète, c’est toujours lui ! Plus aucun doute : le fond de l’air est vert ; l’environnement sera le pivot de l’économie politique du XXIe siècle. À chaque poussée de catastrophisme correspond désormais une volée de « solutions industrielles ». C’est que l’environnement a ce mérite incomparable d’être, nous dit-on, le premier problème global qui se pose à l’humanité. Un problème global, c’est-à-dire un problème dont seuls ceux qui sont organisés globalement peuvent détenir la solution. Et ceux-là, on les connaît. Ce sont les groupes qui depuis près d’un siècle sont à l’avant-garde du désastre et comptent bien le rester, au prix minime d’un changement de logo.
L’écologie n’est pas seulement la logique de l’économie totale, c’est aussi la nouvelle morale du Capital. L’état de crise interne du système et la rigueur de la sélection en cours sont tels qu’il faut à nouveau un critère au nom duquel opérer de pareils tris. L’idée de vertu n’a jamais été, d’époque en époque, qu’une invention du vice. On ne pourrait, sans l’écologie, justifier l’existence dès aujourd’hui de deux filières d’alimentation, l’une « saine et biologique» pour les riches et leurs petits, l’autre notoirement toxique pour la plèbe et ses rejetons promis à l’obésité. L’hyper-bourgeoisie planétaire ne saurait faire passer pour respectable son train de vie si ses derniers caprices n’étaient pas scrupuleusement « respectueux de l’environnement ». Sans l’écologie, rien n’aurait encore assez d’autorité pour faire taire toute objection aux progrès exorbitants du contrôle. Traçabilité, transparence, certification, éco-taxes, excellence environnementale, police de l’eau laissent augurer de l’état d’exception écologique qui s’annonce. Tout est permis à un pouvoir qui s’autorise de la Nature, de la santé et du bien-être. «Une fois que la nouvelle culture économique et comportementale sera passée dans les moeurs, les mesures coercitives tomberont sans doute d’elles-mêmes. » Il faut tout le ridicule aplomb d’un aventurier de plateau télé pour soutenir une perspective aussi glaçante et nous appeler dans un même temps à avoir suffisamment «mal à la planète» pour nous mobiliser et à rester suffisamment anesthésiés pour assister à tout cela avec retenue et civilité. Le nouvel ascétisme bio est le contrôle de soi qui est requis de tous pour négocier l’opération de sauvetage à quoi le système s’est lui-même acculé. C’est au nom de l’écologie qu’il faudra désormais se serrer la ceinture, comme hier au nom de l’économie."

Comité Invisible, L'insurrection qui vient, 2007

mercredi 12 août 2009

dynamite littéraire jetée en clameur à la face de celui qui regarde


Le projet intitulé Ville contemporaine de trois millions d'hommes fut présenté par Le Cobusier au salon d'automne en 1922.
Celui-ci propose une redéfinition des normes architecturales en milieu urbain en accord avec les nouvelles techniques faisant alors leur apparition, tout en utilisant certains motifs classiques voire "primitifs" chers à l'architecte. Il s'agissait en fait d'"arriver en construisant un édifice théorique rigoureux, à formuler des principes fondamentaux d'urbanisme moderne". Face à l'augmentation exponentielle du nombre de citadins et à la démocratisation galopante de l'automobile et autres transports en communs, Le Corbusier préconise la décongestion du centre des villes afin de faire face aux exigences de la circulation ainsi que l'accroissement de sa densité . Il suggère également l'agrandissement des surfaces plantées afin d'assurer l'hygiène et le calme ainsi que celui des moyens de circulation. Au travers de ce projet, il nous présente sa vision de ce que sera une ville moderne ainsi qu'un aperçu de la manière selon laquelle son architecture réorganisera l'espace social dans un contexte de modernisation des infrastructures et d'urbanisation effrénée du paysage.
Il est à noter que ce projet servit de modèle au Plan voisin celui-ci reprenant grosso modo les même principes dans le cadre d'une redéfinition radicale du centre ville de Paris ; projet n'ayant jamais été réalisé.


samedi 1 août 2009

Le fanfaron


Le Fanfaron a été réalisé en 1962 par Dino Risi. Il raconte l'improbable rencontre entre Roberto (Jean-Louois Trintignant), étudiant en droit timide et introverti, promis à une vie bourgeoise étriquée, et Bruno (Vittorio Gassman), personnage épicurien, dragueur infatigable, qui passe le plus clair de son temps au volant de sa Lancia Aurelia.
L'intrique débute un jour de 15 août lorsque Roberto se retrouve embarqué malgré lui dans un road movie burlesque et tragique, aux côtés du flamboyant et pathétique Bruno, qui le fascine et qui l'agace. Il lui envie son aisance naturelle, sa capacité à attirer l'attention et à forcer l'admiration. D'un autre côté, il rejette son sans-gêne tandis que sa conception laborieuse de l'ascension sociale se heurte à l'épicurisme de Bruno.