mercredi 2 décembre 2009

cet infirme errant, déduit d'imbécilité, d'abdications, de renonciations et d'obtuses rencontres


La pensée de Daniel-Robert Dufour, professeur en science de l'éducation à l'université Paris VIII, se situe à la lisière de la psychanalyse et la philosophie politique.
Elle pose la question du rapport que l'homme post-moderne a-critique et post-névrotique entretient avec un univers social qui se caractérise par l'atomisation croissante des individus au sein de la sphère publique et le détournement des pulsions libidinales du sujet à des fins mercantiles.
Son dernier livre, La Cité perverse -libéralisme et pornographie (octobre 2009), tente de théoriser ce que l'auteur dénonce comme une tendance à la perversité chez cet homme post-moderne qu'il définit comme complexion à se laisser dominer par la tyrannie de son désir et à l'imposition violente de celui-ci à l'ensemble de la communauté. Obsédé par un éros que la publicité sollicite sans cesse, il se révèle impuissant face à son irrépressible besoin de s'insérer au sein des mécanismes structurels de la logique marchande. L'objet d'échange ou de spéculation est alors hissé au rang d'objet de jouissance et de réalisation de soi dont l'épiphanie se réalise au travers de la célébration de sa consommation sans cesse renouvelée. Cet individu se trouve être, de fait, émanation exemplaire d'un mode de production et d'échange qui repose, entre autre, sur la libération totale des désirs subjectifs et la mise en concurrence des égoïsme et intérêts privés. Cette perversité s'expose à tous les niveaux de la société contemporaine depuis les élites politiques ou intellectuelles affichant leur fascination du pouvoir par la mise en scène publique de leur vie privée, amoureuse, voire sexuelle, jusqu'au classes les plus pauvres, hypnotisées par le spectacle de la marchandise et vidées de leur substance libidinale par les stratégies marketing. L'analyse de Daniel-Robert Dufour nous montre de quelle manière l'émancipation d'une dialectique libérale totale a pu se déployer à partir de la prolifération non refrénée de cet égoïsme jouisseur ayant pour seul horizon la satisfaction privée et infinie de son insatiable appétit ainsi que son exhibition permanente.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire